La rénovation en suspens : pourquoi les professionnels réclament-ils la continuité de MaPrimeRénov ?

La rénovation énergétique est au cœur des préoccupations environnementales et économiques actuelles. Alors que le gouvernement prévoit des changements dans le dispositif MaPrimeRénov’ dès 2024, 29 acteurs de la rénovation, regroupant des artisans, des fédérations professionnelles et des associations, montent au créneau pour réclamer la prolongation des règles actuelles.

Cette prime, destinée à encourager les travaux de rénovation énergétique chez les particuliers, a permis des avancées considérables dans la lutte contre la précarité énergétique et la réduction des émissions de carbone. Cependant, les modifications annoncées inquiètent les professionnels qui craignent un frein à la dynamique actuelle et une perturbation du marché.

MaPrimeRénov’ : un dispositif pertinent

MaPrimeRénov’ a été lancée en janvier 2020 pour remplacer le Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE) et viser une simplification des aides à la rénovation énergétique. L’objectif était clair : inciter les ménages, quels que soient leurs revenus, à améliorer l’efficacité énergétique de leurs logements. Ce dispositif a rencontré un certain succès avec des dizaines de milliers de projets de rénovation subventionnés. En 2022, la prime a été accordée à plus de 650 000 ménages, preuve d’un réel engouement pour la transition énergétique dans le résidentiel.

Pourtant, à l’horizon 2024, les règles du jeu pourraient changer. Le gouvernement envisage de réduire le montant des aides et de revoir les critères d’éligibilité. L’objectif affiché serait de cibler davantage les foyers modestes et de concentrer les financements sur les rénovations les plus ambitieuses. Toutefois, ce virage est loin de faire l’unanimité parmi les acteurs du secteur qui redoutent une perte d’élan pour la transition énergétique.

Les professionnels en alerte : une demande de continuité

Les artisans, entrepreneurs du bâtiment et autres acteurs de la rénovation voient dans cette réforme un potentiel frein pour leur activité. En effet, la simplification du dispositif MaPrimeRénov’ a permis une forte accélération du marché de la rénovation énergétique, dynamisant ainsi le secteur de la construction et de l’amélioration de l’habitat. En allégeant les procédures et en favorisant la demande, la prime a permis à de nombreux foyers de se lancer dans des travaux de rénovation, créant une dynamique économique bénéfique pour tous les acteurs impliqués.

Ainsi, 29 acteurs majeurs de la rénovation ont adressé un courrier commun au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, ainsi qu’à la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, pour demander une prolongation du dispositif dans ses règles actuelles. Pour eux, une modification brutale des critères d’accès ou du montant des aides risquerait de provoquer un ralentissement des demandes de travaux, entraînant des conséquences économiques et sociales néfastes.

« Nous demandons au gouvernement de donner de la visibilité aux Français sur le maintien de l’actuel système de MaPrimeRénov’ », précisent-ils dans leur lettre. Selon ces professionnels, la continuité du dispositif est indispensable pour conserver la confiance des ménages et des entreprises dans la rénovation énergétique.

Vers une rénovation énergétique plus ambitieuse ?

Outre la question de la continuité du dispositif, les professionnels soulignent également la nécessité d’adapter MaPrimeRénov’ pour encourager des travaux de rénovation plus ambitieux. Aujourd’hui, la prime concerne aussi bien les petites opérations (comme le remplacement d’une chaudière) que les rénovations globales, plus coûteuses et impactantes sur le long terme. Or, les acteurs du secteur s’accordent pour dire que la rénovation globale est l’option la plus efficace pour réduire drastiquement la consommation énergétique et les émissions de CO2.